Longévité

Publié le par Le Vilain Johannais

Sa peau se craquela, s'assombrit, et devint écorce.

Ses cheveux s'enroulèrent autour de son corps, cachant sa nudité. Lierre grimpant sur son tronc, des feuilles y apparurent et s'y épanouirent.

Ses orteils s'allongèrent et se frayèrent un chemin dans le sol, s'y développant en une infinité de ramifications. Elle était prisonnière, amarrée à la petite butte de terre qu'elle avait choisie pour déclamer ses incantations. 

Debout, au milieu d'une clairière, levant les bras et regardant vers le ciel, elle avait fait le souhait de vivre un millénaire. La nature avait décidé de répondre à son désir.

Lorsque son sang devint sève, elle sentit monter en elle un cri qui ne parvint jamais à jaillir. La peur qu'elle ressentit lorsqu'elle comprit ce qui lui arrivait se tut alors que sa conscience devenait peu à peu végétale. 

La transformation fut silencieuse ; tout juste le bruissement du vent dans ses branches venait troubler la quiétude environnante. Le temps s'était arrêté, la figeant dans cette posture pour mille ans. Magnifique, elle s'offrait nue à la forêt tout entière. Froide, mais vivante.

 

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Publié dans Prose

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